Troisième fils de Clovis, le second né de son mariage avec Clotide, il eut en partage le royaume de Paris, et commença son règne en 511. D’accord avec ses frères, il déclara la guerre à Sigismond, roi des Bourguignons, assiégea Autun en 532, fit périr Sigismond, avec sa femme et ses enfants, et enferma à jamais Godomar, qui s’était porté successeur de Sigismond.
Ainsi se fondit entièrement dans l’empire français le royaume de Bourgogne, qui avait duré plus d’un siècle. Childebert consentit à l’assassinat de ses neveux, fils de Clodomir, auxquels appartenait de droit le royaume d’Orléans, et le partagea avec Clotaire. Théodebert, aussi leur neveu, puisqu’il était fils de Thierry, roi d’Austrasie, apprit, par cet exemple, ce qu’il devait attendre de ses oncles ; mais comme il était brave, et déjà en âge de défendre ses États, il fit alliance, tantôt avec l’un, tantôt avec l’autre, suivant ses intérêts, et sans leur accorder aucune confiance.
Il s’unit avec Childebert pour accabler Clotaire ; les deux armées étaient en présence, lorsqu’un orage qui vint fondre sur le camp de Childebert fit une telle impression sur l’âme des combattants, qu’ils eurent horreur de se porter les uns contre les autres ; ils conclurent la paix, et marchèrent aussitôt contre l’Espagne. Après avoir pris Pampelune, ils firent le siège de Saragosse, qu’ils furent obligés de lever, après avoir perdu une grande partie de leur armée. Childebert rapporta de cette expédition l’étole de saint Vincent, en l’honneur de qui il fit bâtir une église, à laquelle on a donné depuis le nom de Saint-Germain-des-Prés.
Childebert, croyant de nouveau avoir à se plaindre de Clotaire, seconda la révolte de Chramne, fils chéri de ce dernier ; et, peu de temps après, il entra dans la Champagne remoise, qu’il pilla entièrement. II mourut peu de temps après à Paris, en 558, ne laissant que des filles, ce qui rendit Clotaire seul roi des Francs ; car la famille royale d’Austrasie se trouvait éteinte à cette époque.
C’est le premier exemple de la coutume française qui refuse aux femmes tous droits à la couronne, coutume qui ne fut jamais rédigée en loi, et qui n’avait pas besoin de l’être, parce qu’elle tirait sa force des mœurs d’une nation guerrière, qui, ne voyant dans son roi que le chef des hommes armés, ne supposait pas que des soldats pussent marcher sous la conduite d’une femme. Malgré son ambition et sa cruauté, Childebert a été loué, parce qu’il fut charitable envers les pauvres, et rempli de zèle pour la religion ; ce qui prouve que, si le christianisme n’avait point changé subitement le caractère des Francs, il radoucissait peu à peu, en leur inspirant de salutaires remords pour des actions qu’ils étaient loin de regarder comme des crimes avant d’avoir été convertis.
Il ne faut pas, comme l’ont fait des écrivains légers, demander compte à la religion catholique des cruautés des rois de la première dynastie, mais admirer l’empire que la morale chrétienne parvint à acquérir sur des barbares, qui, ne connaissant d’autre vertu que le courage, se voyaient toujours suffisamment justifiés par le succès. Il fut enterré dans l’église de Saint-Vincent. Ce fut sous le règne de Childebert que Pépin déclara la guerre aux Frisons et les contraignit d’embrasser la religion chrétienne.
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