LA FRANCE PITTORESQUE
Colin-Maillard
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Publié le vendredi 18 février 2011, par LA RÉDACTION
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Les grammairiens ne veulent pas qu’on donne la marque du pluriel au mot Colin-Maillard ; suivant eux, le sens s’y oppose : « C’est un jeu où Colin cherche, poursuit Maillard. » Cette signification ne s’accorde pas avec l’origine que l’on attribue d’ordinaire à ce jeu.
 

Jean-Colin-Maillard est un guerrier du pays de Liège qui fut fait chevalier par le roi Robert, en 999. Il doit son nom de Maillard à l’habitude qu’il avait de s’armer toujours d’un maillet pour le combat. Le maillet dont s’armèrent plus tard les séditieux qui sont restés dans notre histoire sous le nom de maillotins était destiné à désigner tous ceux qui en feraient usage.

Dans la dernière bataille qu’il livra au comte de Louvain, Jean-Colin eut les yeux crevés, et il continua de combattre guidé par ses écuyers. Si c’est à ce souvenir historique qu’il faut rapporter l’invention et la dénomination de ce jeu, le Colin-Maillard, c’est l’enfant qui, les yeux bandés, cherche à saisir l’un des autres enfants qui fuient à son approche.

Cette origine ne laisserait pas subsister grand chose de l’explication qui admet qu’un individu nommé Colin court après un autre nommé Maillard. Si, en effet, Colin-Maillard doit être considéré comme un mot invariable, la raison qu’on en a donnée n’est pas la bonne.

Si nous voulions discuter cette règle et sa raison, nous pourrions dire que s’il n’y a qu’un Colin, ce qui exclut toute idée de pluralité, il y a toujours plusieurs Maillards ; or, Maillard n’étant pas le nom propre des enfants que l’on cherche, rien ne semblerait s’opposer, dans l’hypothèse des grammairiens, à ce que ce mot prît la marque du pluriel. Mais nous n’avons pas qualité pour soulever cette grave question et nous la laissons aux Vaugelas futurs.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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