LA FRANCE PITTORESQUE
11 avril 1814 : Napoléon
est contraint à l’exil
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Publié le mardi 9 avril 2013, par Redaction
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Pendant que le Sénat mettait en délibération l’existence politique de l’homme dont il tenait la sienne, le duc de Vicence, chargé par ce prince de stipuler ses intérêts auprès des souverains alliés, ayant remarqué qu’Alexandre répugnait à déshériter le roi de Rome de l’empire qu’il était résolu d’enlever à son père, pensa qu’un acte de résignation de la part du père sauverait les droits du fils, et revint précipitamment à Fontainebleau presser Napoléon d’abdiquer.

Napoléon, autour de qui cinquante mille hommes s’étaient ralliés, hésitait. Mais, au sortir d’un conseil assemblé à la nouvelle de la déchéance prononcée par le sénat, et où se trouvaient les maréchaux Berthier, Lefebvre, Oudinot, Macdonald, Ney, et quelques-uns des grands-officiers de l’empire, quoique les soldats demandassent à grands cris à marcher sur Paris, l’Empereur publia la déclaration suivante : « Les puissances alliées ayant proclamé que l’Empereur était le seul obstacle au rétablissement de la paix en Europe, l’empereur Napoléon, fidèle à son serment, déclare qu’il est prêt à descendre du trône, à quitter la France et même la vie pour le bien de la patrie, inséparable des droits de son fils, de ceux de l’impératrice, et du maintien des lois de l’Empire. »

Caricature anglaise représentant Napoléon sur l'ile d'Elbe

Caricature anglaise représentant Napoléon sur l’ile d’Elbe

Le duc de Vicence ne doutait pas que l’empereur Alexandre, à qui il portait cet acte, n’accédât à la condition qui y était exprimée. Mais ce prince, à qui l’on avait fait craindre que, s’il permettait l’établissement d’une régence en France, Napoléon ne gouvernât sous le nom de son fils, et qui, sur ces entrefaites, avait appris la défection imprévue du corps du maréchal Marmont, par suite de laquelle Napoléon se trouvait à découvert dans Fontainebleau, exigea une abdication pure et simple.

Napoléon avait assez de ressources encore pour continuer la guerre en se retirant de l’autre côté de la Loire, et en appelant à lui les forces qui lui restaient sur divers points de l’empire. Mais dans ce moment où toutes les factions étaient en effervescence, cette mesure devait allumer infailliblement la guerre civile. Cette considération l’emporta sur toutes les autres. L’intérêt de famille se tut devant celui de sa patrie, et il substitua l’acte qu’on va lire à celui qu’on a lu plus haut.

« Les puissances alliées ayant proclamé que l’Empereur était le seul obstacle au rétablissement de la paix en Europe, l’Empereur, fidèle à son serment, déclare qu’il renonce pour lui et ses enfants au trône de France et d’Italie, et qu’il n’est aucun sacrifice, même celui de sa vie, qu’il ne soit prêt à faire aux intérêts de la France. »

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