La Providence sait être généreuse envers ceux qui ne perdent pas courage
Ce mot n’est pas dans la Bible comme semblent le croire certaines personnes qui l’attribuent sans hésiter au sage Salomon. Le ciel, pris pour Dieu même, pour la volonté divine, n’est pas un mot de l’Écriture ; c’est une métaphore moderne qui appartient à la littérature profane au moins autant qu’aux livres religieux. Ce ne sont donc ni les prophètes, ni Salomon, ni le sublime Auteur de l’Imitation qui ont dit : Aide-toi, le ciel t’aidera.
Cette bonne et encourageante parole est de La Fontaine à qui nous devons tant de sages avis et d’utiles exemples. Relisez le Charretier embourbé, vous y verrez un pauvre homme qui, pour tirer son char de la boue, invoque l’assistance divine ; vous entendrez une voix d’en haut qui l’exhorte à prendre la peine de casser les cailloux, de combler les ornières. Le charretier, après quelques efforts, sortira triomphant de son mauvais chemin, et la morale sera, vous l’aurez senti d’avance, Aide-toi, le ciel t’aidera.
Il a été fait souvent allusion, avant La Fontaine, à la protection que Dieu accorde à ceux qui ne perdent point courage, mais alors ce n’est pas le mot ciel qui a été employé : « Après que tu auras le tout annuncé à ton roy, je ne dis pas, comme les caphars, Ayde-toi, Dieu t’aydera ; car c’est au rebours, Ayde-toi, le diable te rompra le col ; mais je te dis : Metz tout ton espoir en Dieu, et il ne te délaissera point. » (Rabelais, Pantagruel)
On lit encore dans Regnier : « Aydez-vous seulement, et Dieu vous aydera. ». Le mot de La Fontaine correspond à cet ancien proverbe qu’on trouve dans le Trésor des sentences de Gabriel Meurier : Dieu donne le bœuf non les cornes.
Aide-toi, le ciel t’aidera est le nom d’une Société politique qui s’était formée sous la Restauration, et « dont le but était, dit de Loménie, de défendre par toutes les voies légales l’indépendance des élections contre les influences du pouvoir. » Cette Société, qui prit, dans les dernières années de la Restauration, une attitude très hostile au ministère Polignac, prépara, en 1830, le refus de l’impôt. Elle avait pour président Odilon Barrot, et Guizot était au nombre de ses membres les plus actifs.
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