Robert Delamain, passionnément attaché à Jarnac, comme son père, Philippe Delamain, à qui il dédia son livre, apparaît ici comme un historien à la fois ambitieux et modeste. « Loin de moi la ridicule pensée d’avoir voulu attribuer à cette petite ville une importance qu’elle n’a jamais eue », précise-t-il d’entrée ; mais en « relatant sa véritable histoire » et « en fixant définitivement les traits généraux de son passé », il a montré à quel point le destin de la cité fut lié à celui du pays tout entier. Après avoir brossé un vaste panorama dans lequel les aperçus géologiques sur la « jolie vallée de la Charente, si riante et si pittoresque » précèdent une évocation de l’époque néolithique (population nombreuse, essentiellement agricole), puis de l’occupation romaine (multitude de débris romains aux Grand’Maisons), au cours de laquelle Jarnacus (Ajarnacus, Agernacus) développait une activité industrielle (fours à potiers), l’auteur retrace la période médiévale, depuis Clovis jusqu’à la fin de la guerre de Cent Ans, état de guerre perpétuel qui greva lourdement l’économie et vit la localité se déplacer vers l’est.
Les interminables conflits religieux et surtout la répression contre les protestants, qui ne s’achèvera qu’en 1787, furent, eux aussi, désastreux pour la région : en 1701, les deux tiers des habitants de Jarnac et de ses faubourgs se sont exilés pour cette raison (rapport de l’intendant Bégon) et cette saignée, jointe au « fardeau écrasant des impôts », ne sera pas compensée par la fécondité des récoltes...
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