LA FRANCE PITTORESQUE
Présentation des roses (Cérémonie de)
au parlement de Paris
(d’après un article paru en 1839)
juillet 2002, par Redaction
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Suivant un ancien usage qui paraît s’être établi vers la fin du quatorzième siècle, les ducs et pairs de France qui avaient leur pairie dans le ressort du parlement de Paris, fussent-ils princes, fils de France et roi de Navarre, devaient trois fois par an présenter, en grande cérémonie, une corbeille de roses aux membres de cette cour de justice.

Le duc d’Alençon, fils de Henri II, se soumit à cette coutume. En 1586, le roi de Navarre, depuis roi de France, rendit également cet hommage, mais il fut le dernier. Les troubles de la Ligue ayant interrompu les fonctions du parlement et obligé de le transférer à Tours, on ne songea plus à la cérémonie des roses et elle s’abolit.

Cette présentation, qu’on appelait le bail ou la baillée des roses, était d’une grande importance auprès des pairs, en ce qu’elle servait à fixer la préséance, par un acte de possession publique et notoire. Le pair qui devait à son tour présider cette solennité, faisait joncher d’herbes odoriférantes, de fleurs, et surtout de roses, toutes les chambres du parlement. Il réunissait avant l’audience à un déjeuner splendide les présidents, les conseillers et officiers de la Cour ; il se rendait ensuite dans chaque chambre, faisant porter devant lui, au son des harpes et des flageolets, un grand bassin d’argent, plein de bouquets de roses artificielles et de couronnes composées

Cérémonie des roses

Cérémonie des roses

des mêmes fleurs et ornées d’armoiries. Le pair qui faisait la baillée des roses était reçu dans la grand’ chambre, assistait à la messe avec le parlement entier et ordonnait ensuite aux musiciens d’aller faire de la musique chez les présidents avant leur dîner.

Cette coutume avait pour objet, disent quelques jurisconsultes, d’entretenir, par des récréations agréables, les relations de ceux qui se devaient de mutuelles déférences, de leur donner au milieu d’une fête des habitudes courtoises et révérentielles, et en même temps de mêler à l’austérité des devoirs le sentiment du plaisir.

Les registres manuscrits du parlement de Paris renferment le procès verbal d’une discussion de préséance entre les ducs de Vendôme, de Guise, de Nevers et de Montpensier, relativement à la présentation des roses du 9 juin 1553. Nous y remarquons le passage suivant :

« Boucherat pour le duc de Guise a dit, que vérité étoit que l’on n’avoit point entendu présenter aujourd’huy les roses dudit seigneur duc, pour faire entreprise sur le tour et ordre du duc de Vendôme ; mais étoit advenu qu’il y avoit assez long-temps que l’on avoit commandé à la rosière de dresser et accoustrer les chapeaux de roses et bouquets de roses que l’on entendoit présenter à la Cour de la part dudit sieur de Guise comme pair de France, ce qu’elle avoit faict ; et pensoit-on que ledit seigneur duc de Vendôme deust plustôt faire présenter les siennes, et pour l’avertissement qui a été fait par la rosière, que les roses qu’elle avoit préparées et accoustrées pour ledit seigneur duc de Guise se gastoient, on avoit advisé de les présenter cejourd’huy, ne devoit toutesfois cela être trouvé étrange ; car à ce qu’il a appris, il se trouvera que deux pairs en mesme jour et mesme heure ont fait présenter leurs roses au regard de l’ordre de la présentation. Quant aux autres pairs, hormis le seigneur duc de Vendôme, s’ils entendoient être preferez au seigneur duc de Guise pour la présentation de leurs roses, demandoit jour pour y venir répondre ».

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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