L’occasion de mentir est favorable à ceux qui arrivent de loin
Ainsi que l’a dit un ancien : Omne ignotum pro magnifico, qui veut dire : On se fait une haute idée de ce qu’on ne connaît pas. Effectivement, l’espèce humaine, ayant un penchant à se figurer plus belles et plus grandes les choses qui se trouvent dans les pays éloignés, il arrive que les récits exagérés n’inspirent aucune défiance aux esprits ainsi disposés. Aussi les voyageurs peuvent-ils mêler des fictions, des contes même incroyables, à leurs récits, devant des auditeurs qui ne sauraient aller en vérifier l’exactitude dans les contrées lointaines que les narrateurs prétendent avoir parcourues.
Voici quelques vers d’un conte fait à l’adresse de ceux qui cherchent toujours à exagérer les faits :
Une dispute advint (arriva) entre deux voyageurs. L’un d’eux était de ces conteurs Qui n’ont jamais rien vu qu’avec un microscope ; Tout est géant chez eux. Ecoutez-les : l’Europe, Comme l’Afrique, aurait des monstres à foison.
Celui-ci se croyait l’hyperbole permise. « J’ai vu, dit-il, un chou plus grand qu’une maison. » – « Et moi, dit l’autre, un pot aussi grand qu’une église. » Le premier, se moquant, l’autre reprit : « Tout doux, « On le fit pour cuire vos choux. »
Moralité Quand l’absurde est sans borne, on lui fait trop d’honneur De vouloir par raison combattre son erreur. Enchérir est plus court, sans s’échauffer la bile.
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Ce proverbe pourrait servir d’épigraphe aux relations des voyageurs du XVIIIe siècle, lesquels avaient la manie d’y mettre tant de merveilleux qu’on n’y attachait plus aucune croyance.
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