Dans le recueil facétieux de Boursault (tome II, page 153), publié en 1758 et ayant pour titre : Lettres nouvelles, on trouve comme explication de cette locution proverbiale tant soit peu originale, l’anecdote suivante :
« Un paysan, s’étant accusé à confesse d’avoir brisé une haie pour aller reconnaître un nid de merles, le confesseur lui demanda s’il avait enlevé les merles. – Non, répondit le paysan ; ils n’étaient pas encore assez gros ; je les ai laissés pour qu’ils puissent croître jusqu’à samedi ; j’irai alors les dénicher, afin de les faire fricasser dimanche. Que fit le curé. Il profita du renseignement (qui cependant lui avait été donné sous le sceau du secret), et s’en alla le vendredi matin dénicher lui-même les oiseaux. Le samedi, le paysan se leva de grand matin, mais trouva la place vide.
« Il en fut consterné tout d’abord, puis il eut un doute que le curé lui avait fait une supercherie ; néanmoins il n’osa rien dire. Quelque temps après, le paysan qui avait encore sur le cœur le tour que lui avait joué le curé retourna à confesse. Le prêtre lui fit une question sur une particularité de son existence ; mais le paysan, se méfiant de lui, répondit par ces mots : A d’autres, dénicheur de merles ; je ne me laisse pas attraper deux fois. »
Le récit de cette anecdote apprend l’usage que l’on doit faire de cette locution proverbiale. On l’emploie contre ceux que l’on croit vous avoir trompé à votre insu, pour leur donner à entendre qu’on n’ignore pas ce qu’ils ont fait et que l’on ne veut pas être de nouveau leur dupe.
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