Il ne faut pas attirer sur soi l’attention des méchants
De même qu’il n’est pas prudent de réveiller un chat qui dort, ainsi a-t-on assez à faire de se défendre contre la méchanceté des hommes, en général, sans qu’il soit utile de la provoquer.
Ce n’est pas se montrer courageux que d’attirer sur soi le danger que l’on pourrait éviter, c’est de l’imprudence et de la témérité.
Chromolithographie publicitaire pour Le Bon marché publiée vers 1910 |
|
Les Romains exprimaient la même idée sous ces différentes formes : Sopitos suscitare ignes, ce qui signifie : Ranimer un feu couvert, puis : Temulentus dormiens non est excitandus, ce qui veut dire : Il ne faut pas réveiller l’ivrogne endormi. Lucain, poète latin du premier siècle après Jésus-Christ, l’auteur de la Pharsale, nous a transmis son idée sur ce sujet dans les vers suivants :
...Fortissimus ille est Qui promptus metuenda pati, si cominus instant. Et differre potest. |
dont voici la traduction : L’homme courageux est celui qui brave le danger, s’il ne peut s’y soustraire, et qui l’évite, si c’est possible.
Nos ancêtres disaient : Il ne faut pas courroucer la fée. Les romanciers de ce temps-là avaient divisé les fées en fées bienfaisantes et en fées malfaisantes. Notre poète Corneille (XVIIe siècle) nous a laissé sa façon de penser dans ces deux vers :
Le feu qui semble éteint souvent dort sous la cendre ; Qui l’ose réveiller peut s’en laisser surprendre. |
Régnier (XVIe siècle), témoin d’une dispute élevée à table, dit :
Esmiant, (émiettant) quant à moi, du pain entre mes doigts, A tout ce qu’on disait, doucet je m’accordais... De peur, comme l’on dict, de courroucer la fée. |
Copyright © LA FRANCE PITTORESQUE
Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.