On ne connaît ni son auteur, ni son origine. Nul cryptographe n’a encore réussi à déchiffrer un seul mot ni d’ailleurs une seule lettre du texte. On ne sait même pas en quelle langue il a été écrit ! Depuis cinq siècles, le manuscrit de Voynich, détenu depuis 1969 par l’Université de Yale, garde son secret.
Le manuscrit mesure neuf pouces par six et comprend 204 pages de texte. Presque chaque page contient une illustration parfois en couleurs : plantes fantastiques, diagrammes astrologiques, panoramas bizarres avec des femmes nues.
Mais même si les dessins sont étranges, c’est le texte, de petites lettres écrites avec soin, qui étonne vraiment. Il est écrit dans un alphabet mystérieux qui n’existe nulle part au monde et, après des siècles d’études, ni le meilleur médiéviste, ni le plus patient des cryptographes n’a encore réussi à établir ce qu’il dit, qui l’a écrit, où, quand, ou pourquoi...
D’où vient ce livre étrange ? On y fait référence pour la première fois dans une lettre écrite à Prague le 19  ;août 1666 par Johannes Marcus Marci (1595-1667), docteur, scientifique, orientaliste, et recteur de l’université de Prague, la plus ancienne de l’Europe centrale. Marci avait obtenu le manuscrit d’un ami, médecin de Rodolphe II, l’empereur du Saint Empire. Ce Habsbourg, collectionneur de tableaux, passionné de science avait fondé un jardin botanique et construit un observatoire pour Tycho Brahe et Johannes Kepler. Il avait aussi acquis une impressionnante collection de livres rares dont le célèbre manuscrit pour lequel il avait payé 600 ducats.
On ne sait pas si Marci avait tenté de déchiffrer le manuscrit. Mais, septuagénaire, voyant la mort venir, il avait commencé à distribuer sa bibliothèque personnelle à ses amis. Il réserve le manuscrit pour le jésuite Athanasius Kircher à Rome qui avait été son professeur. Dans sa lettre à Kircher il se dit convaincu que le manuscrit ne pourrait être lu par personne d’autre. Le père Kircher est en effet un bon choix. Son intérêt pour les hiéroglyphes et autres sujets archéologiques était bien connu. Mais il semble qu’il n’ait pas tenté de déchiffrer le texte. Trois siècles passent durant lesquels le manuscrit tombe dans l’oubli.
En 1912, Wilfrid Michael Voynich, collectionneur de livres anciens, découvre le manuscrit dans la bibliothèque de la Villa Mondragone, un collège jésuite près de Rome. Voynich l’achète et le ramène en Amérique. Il en fait parvenir des copies à des spécialistes : linguistes, paléographes, médiévistes et même astronomes et botanistes. Le manuscrit résiste à toutes les tentatives de déchiffrement.
En 1919, il demande l’aide de William R. Newbold, un spécialiste du grec, du latin et d’autres langues anciennes. Pendant six ans, Newbold s’acharne. Il meurt convaincu, comme d’ailleurs l’empereur Rodolphe II, que l’auteur est Roger Bacon. Ce dernier est le scientifique le plus étrange du Moyen Age : moine anglais du XIIIe siècle, théologien et savant, il est le précurseur de la science expérimentale. En fait, ce personnage est tellement extraordinaire que les spécialistes lui accordent la paternité de tous les manuscrits intéressants dont on ne connaît pas les auteurs. Bien avant Vinci, Bacon avait eu la prémonition des voitures sans chevaux, des bateaux à moteur, des machines volantes etc. On lui attribue même l’invention de la poudre à canon.
Mais les dernières recherches montrent que le manuscrit a été écrit vers 1500, deux siècles après la mort de Bacon. C’est cependant peut-être une copie d’un texte de Bacon... Si l’auteur reste inconnu, le texte demeure une véritable sirène pour les cryptographes, et, puisqu’on ne peut pas lire le texte, il faut se tourner vers les dessins. La majorité représente des plantes ou leurs parties. Sur les 400 dessins botaniques seules seize plantes ont été identifiées, et encore, sans certitude. Etrangement, certains dessins ressemblent à des sections minuscules d’organismes végétaux comme si l’auteur les avait observés à travers un microscope, lequel n’a pas été inventé avant le XVIe siècle. Il n’y a aucune explication pour les nombreuses femmes – il n’y a aucun mâle – nues qui apparaissent dans des cercles concentriques.
L’avènement d’Internet s’accompagna d’un regain d’intérêt pour le manuscrit, plusieurs chercheurs de différentes disciplines pouvant dès lors unir leurs efforts pour déchiffrer le manuscrit et essayer d’en découvrir la langue, l’auteur, l’origine et le sens.
Note :
Dimanche 18 décembre 2011 à 22h50 sur la chaîne ARTE, un documentaire est consacré au Mystère du manuscrit de Voynich :
« Qui est l’auteur du fameux manuscrit de Voynich, rédigé dans une langue inconnue et illustré de dessins énigmatiques, connu en Europe depuis le XVIIe siècle ?
Page du manuscrit de Voynich |
|
« C’est l’un des documents les plus mystérieux du monde. Apparu en 1666, rédigé dans une langue inconnue et illustré de dessins énigmatiques, le fameux manuscrit de Voynich (du nom du libraire new-yorkais qui l’acheta en 1912 en Italie) occupe les spécialistes du décryptage depuis plus d’un siècle. Le doit-on à Roger Bacon, le grand savant du XIIIe siècle, ou à Jacobus de Tepenec, alchimiste à la cour de Rodolphe II de Habsbourg ? Contient-il la recette de la fontaine de Jouvence ou celle de la pierre philosophale ? S’agit-il tout simplement d’une mystification ?
« Les meilleurs décrypteurs de l’armée américaine n’ont pas trouvé davantage de réponse à ces questions que les spécialistes de langage codé du Vieux Continent. À l’université de Yale, qui détient aujourd’hui le mystérieux volume, on tente le déchiffrage à partir d’études scientifiques sur sa composition chimique, l’âge du papier et de l’encre... D’après les résultats, l’ouvrage est beaucoup plus ancien qu’on ne l’imaginait. » (ARTE)
En savoir plus :
Manuscrit Voynich (site proposant une étude complète) : http://www.ms-voynich.com/
Téléchargement (PDF) du manuscrit Voynich : http://www.archive.org/download/TheVoynichManuscript/Voynich_Manuscript.pdf
Copyright © LA FRANCE PITTORESQUE
Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.