C’est se ménager entre deux parties sans oser se décider pour aucun
Cette locution s’applique ordinairement aux gens de mœurs faciles qui, dans les temps de troubles politiques, se ménagent des intelligences dans tous les pays, sans s’attacher à aucun, semblables à un nageur qui se cache dans l’eau et s’avance vers son but, sans paraître à la surface. Ce proverbe équivaut à cet autre déjà cité : Ménager la chèvre et le chou, et répond à celui des Latins : Duabus sedere sellis, ce qui signifie : S’asseoir sur deux sièges, dont se servit le poète Labérius en entrant au Sénat romain, après que César l’eût nommé sénateur.
Cicéron, près duquel il voulut se placer, lui dit : Reciperem te, nisi anguste sederemus, ce qui veut dire : Je vous recevrais volontiers, mais nous serions trop serrés, ce qui était un reproche indirect adressé à César pour avoir augmenté le nombre des sénateurs. Labérius répondit à ces paroles piquantes par les suivantes qui ne l’étaient pas moins. Atqui solebas duabus sedere sellis, ce qui signifie : Ainsi, vous aviez coutume de vous asseoir sur deux sièges, faisant allusion à la conduite équivoque de l’orateur durant les discordes civiles.
Ainsi placé entre deux partis, sans se prononcer pour aucun, c’est quelquefois agir avec mauvaise foi, si l’on fait espérer à chacun son adhésion. Celui qui agit de la sorte est peu délicat et dépourvu de bonne foi ; quand on le connaît il est généralement méprisé. Le plus sage dans bien des circonstances est de rester neutre.
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