C’est porter quelque chose en un lieu où il y en a déjà une grande quantité
Cette locution caractérise les soins superflus de certaines gens qui offrent leurs secours à ceux qui n’en ont pas besoin, il se dit encore pour indiquer le transport des marchandises dans des lieux où elles abondent, comme, par exemple : porter du vin à Bordeaux, du blé à Amiens, des jambons à Mayence, du cidre en Normandie, du fromage en Suisse et de la glace en Russie.
Les Grecs disaient dans le même sens : Porter du blé en Egypte, in AEgyptum ferre fruges. Les Latins ont dit : In sylvam ligna ferre, ce qui signifie porter du bois dans la forêt. Horace nous a laissé deux vers qui abondent dans ce sens :
In sylvam ne ligna feras insanius, ac si Graecorum malis magnas implere catervas. |
et que l’on peut traduire ainsi : Grossir le nombre des poètes grecs, c’est porter du bois dans la forêt. Erasme a joint, dans les vers suivants, ce proverbe à celui qui commencé :
Largiri nummos tibi, Petre, hoc est Sylvae ligna, vago mare addere undas. |
ce qui veut dire : Te compter des écus, Pierre, c’est porter du bois dans la forêt ou ajouter de l’eau aux flots de la mer.
Voici comment quelques peuples modernes interprètent ce proverbe :
Les Allemands : Wasser in das meer tragen.
Les Anglais : To carry water in the sea.
Les Hollandais : Water in de zee brengen.
Les Italiens : E porta l’acqua al mare ou Portar acqua al mare.
Les Portugais : Levar agua ao mare ou E deitar aqua no mare.
Celle locution s’emploie quelquefois au figuré, mais alors dans ce sens : Donner des conseils à ceux qui seraient dans le cas de vous éclairer ou à ceux assez éclairés pour en prendre deux-mêmes.
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