LA FRANCE PITTORESQUE
Qui donne vite
donne deux fois
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Publié le dimanche 18 décembre 2011, par Redaction
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C’est un aphorisme traduit littéralement d’une pensée de Sénèque : Bis dat qui cito dat. La règle de la vraie bienfaisance, ajoute ce philosophe, est de donner comme nous voudrions recevoir, promptement et sans hésitation.

Sénèque

Sénèque

Un poète grec, Hésiode, a dit dans le même sens : La promptitude double le prix d’un service rendu. L’auteur latin Ausone cite cette sentence traduite du grec : Gratia quae tarda est, ingrata est gratia, ce qui signifie : La faveur qui est tardive est une faveur sans grâce. Un autre auteur latin, Syrus, a émis cette pensée dans ces mots : Inopi beneficium bis dat celeriter, qui peut se traduire ainsi : C’est obliger deux fois qu’obliger promptement.

Dans les proverbes de Salomon nous trouvons cette pensée : « Ne dites pas à votre ami qui vous demande quelque chose : Allez et revenez, je vous le donnerai demain, lorsque vous pouvez le lui donnera l’heure même. »

Au XIIIe siècle, on disait : Ki donne tost, il donne deux fois. Il y avait un ancien proverbe bien juste à ce sujet :

Petit présent trop attendu
N’est pas donné, mais bien vendu.

Le roi François Ier qui, en son temps faisait des vers, a rendu aussi la même pensée dans celui-ci : « Grâce attendue est une grâce ingrate. » Notre poète Corneille dans sa comédie du Menteur (Acte Ier nous a laissé sur ce sujet ces deux vers :

Tel donne à pleines mains qui n’oblige personne ;
La façon de donner vaut mieux que ce qu’on donne.

Effectivement, pour résumer toutes ces citations, on peut en conclure que l’empressement de rendre service semble doubler le mérite d’un bienfait. On perd le mérite d’un don quand on ne l’accorde pas le plus tôt qu’on peut. Un don qui se fait attendre n’a plus la même valeur quand il arrive. Citons ces autres vers à l’appui de cette vérité développée dans une fable :

Voulez-vous donner ? donnez vite ;
Tout retard d’un bienfait amoindrit le mérite.
Pour maint obligé même un service rendu
Est payé par l’ennui de l’avoir attendu.

Le mieux serait encore de prévenir la demande, voilà le vers qui vient à l’appui de cette pensée : « On n’oblige vraiment que celui qu’on prévient. »

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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