C’est se contenter de peu
Ce dicton nous vient d’Italie, et il ne pouvait du reste nous venir d’ailleurs que du pays par excellence des chansons. Le Poggio Bracciolini, savant italien du XVe siècle, dans son ouvrage intitulé : les Facéties, raconte à peu près en ces termes l’origine de ce dicton :
Un voyageur affamé entra dans une auberge où il dîna fort bien. Au moment de payer, il dit qu’il n’avait pas d’argent, mais qu’alors il paierait en chansons. L’hôtelier dit qu’il ne voulait pas de chansons et qu’il préférait de l’argent :
– Eh quoi ! dit le voyageur, si je chante une chanson qui vous plaise, ne vous tiendrez-vous pas pour payé ?
– Si fait, dit l’hôtelier.
Le voyageur commence alors une chanson et quand il l’a finie :
– Vous plaît-elle ? demanda-t-il.
– Nullement, dit celui-ci.
Le voyageur, pour arriver à lui complaire, en chante une seconde, puis une troisième. L’hôte ne s’en accommode pas davantage. « En voici une qui vous plaira certainement », reprend le voyageur. Et, prenant sa bourse, il entonne une chanson fort en vogue au quinzième siècle parmi les voyageurs et dont voici le début : Metti mano ulla borsa et paya l’oste (Mets la main à la bourse et paie l’hôte).
– Celle-ci vous convient-elle ? dit le voyageur.
– Assurément, dit l’hôte.
– Eh bien, selon nos conventions, vous êtes payé, puisque cette chanson vous a plu.
Là-dessus, il partit tout simplement.
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