Se priver de ressources à venir pour un petit intérêt présent
On doit ce dicton à un ancien apologue attribué à Esope ; il est question d’un homme possesseur d’une poule qui, tous les matins, pondait un œuf d’or. Il crut que l’oiseau renfermait dans son corps une mine du précieux métal ; il le tua et ne trouva dans les entrailles rien de ce qu’il espérait.
Notre fabuliste La Fontaine a reproduit et embelli ce récit dans sa fable intitulée : La Poule aux œufs d’or (Livre V, fable 13). Il a fait une leçon pour les gens cupides qui, séduits par des prospectus alléchants, risquent leur fortune présente dans l’espoir qu’on leur a donné de la doubler, de la tripler en très peu de temps, puis perdent ainsi le bien qu’ils possédaient. Voici comment La Fontaine a imité le fabuliste grec :
L’avarice perd tout en voulant tout gagner. Je ne veux pour le témoigner, Que celui dont la poule, à ce que dit la fable, Pondait tous les jours un œuf d’or. Il crut que, dans son corps, elle avait un trésor : Il la tua, l’ouvrit et le trouva semblable A celles dont les oeufs ne lui rapportaient rien, S’étant lui-même ôté le plus beau de son bien, Belle leçon pour les gens chiches !
Pendant ces derniers temps, combien en a-t-on vus Qui du matin au soir, pauvres devenus, Pour vouloir trop tôt être riches !
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