Le 20 janvier 1938 disparaissait le Français Emile Cohl, l’inventeur du dessin animé cinématographique, avec son Fantasmagorie projeté le 17 août 1908. Si Walt Disney lui doit sa fortune, Cohl meurt en revanche dans une misère semblant être le lot de nombre d’hommes de génie
Dans son numéro du 22 janvier 1938, Le Petit Journal rendait ainsi hommage à l’inventeur :
« Emile Cohl, l’inventeur du dessin animé, est mort. Il était de ceux dont la modestie semble les tenir écarter de la gloire et de la fortune. Et nous avons dit ici-même, il y a quelques mois, alors que ses amis venaient de fêter son quatre-vingtième anniversaire, la situation pénible dans laquelle il se trouvait.
« Lorsque le consul de France à Los Angeles remit, peu de temps auparavant, la croix de la Légion d’honneur à Walt Disney, le père de Mickey et le créateur des Silly Symphonies, celui-ci tint à rendre hommage à Emile Cohl. Mais savait-il, lui, qui devait sa fortune à l’invention du dessinateur français, que ce dernier se trouvait dans la misère et n’avait pour vivre qu’une maigre allocation de chômage ? Tout juste de quoi ne pas mendier !
« Il n’y a d’ailleurs que la Société d’Encouragement pour l’industrie nationale qui se soit occupé d’Emile Cohl. Le 13 janvier 1937, elle lui décerna, en effet, sa grande médaille et une somme de quatre mille francs. Mais c’était là un hommage bien tardif. Et tout le monde semble, décidément, avoir oublié que le disparu était l’auteur de la prestigieuse Fantasmagorie qui fut présentée au Théâtre du Gymnase, le 17 août 1908, d’Agenor, de Maltroué, des Aventures du Baron Crac, et, surtout, de cette bande d’une ravissante féerie : Rien n’est impossible à l’homme, dont les images, patiemment, furent dessinées une à une. »
Le Figaro relatait quant à lui en ces termes la disparition de cet homme de génie :
« Dans un lit d’hospice de la banlieue sud de Paris, Emile Cohl, grand précurseur du cinéma, est mort avant-hier à 81 ans. Il avait doté le cinéma d’une de ses plus magnifiques conquêtes : le dessin animé. Après la guerre, les Etats-Unis s’emparèrent de son idée et lui donnèrent un immense développement. Et Cohl s’appauvrissait au fur et à mesure que son invention enrichissait ceux qui, au delà des mers, élargissaient la voie qu’il avait tracée.
« Il y a quelques jours, une manifestation organisée en sa faveur devait lui rapporter quelques subsides. D’autre part, ses amis venaient de se grouper afin de lui obtenir des soins dans une clinique. Initiatives généreuses, certes, auxquelles le Figaro ne fut pas étranger, mais hélas tardives. Emile Cohl ne pouvait plus attendre. C’est le lot des inventeurs et des savants de mourir pauvres. Du moins chez nous. »
Copyright © LA FRANCE PITTORESQUE
Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.