LA FRANCE PITTORESQUE
3 juillet 1187 : bataille de Tibériade,
où Gui de Lusignan, roi de Jérusalem,
est fait prisonnier par Saladin
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Publié le lundi 2 juillet 2012, par Redaction
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La vraie croix, qu’on avait portée à cette bataille, tomba entre les mains des infidèles, comme autrefois l’arche entre les mains des Philistins. Omar, neveu de Saladin, en la présentant à ce prince , lui dit : « Il paraît, par la désolation des Francs, que ce bois n’est pas le moindre fruit de ta victoire. »

Saladin, rentré dans son camp, fait amener dans sa tente les prisonniers les plus distingués de l’armée vaincue. Le roi de Jérusalem, à qui l’excès de la soif permettait à peine de respirer, parut à leur tête ; le sultan lui présenta de sa main une coupe de liqueur rafraîchie dans la neige. Le roi, après avoir bu, voulut donner sa coupe à un de ses capitaines, nommé Renault de Châtillon. C’était une coutume inviolable, établie chez les Musulmans, et qui se conserve encore chez les Arabes, de ne point faire mourir les prisonniers auxquels ils avoient donné à boire et à manger. Ce droit de l’ancienne hospitalité était sacré pour Saladin. Il ne souffrit pas que Renault de Châtillon bût après le roi. Ce capitaine avait violé plusieurs fois sa promesse ; le vainqueur avait juré de le punir ; et montrant qu’il savait se venger comme pardonner, il abattit d’un coup de sabre la tête de ce perfide.

Après cette victoire , Saladin s’empara de Jérusalem, où les Français avaient régné pendant quatre-vingt-neuf ans, depuis que Godefroi de Bouillon, chef de la première croisade, en avait fait la conquête sur les Musulmans. Les funestes suites de la bataille de Tibériade ne furent pas plus tôt connues en Europe, que les princes chrétiens se déterminèrent à repasser pour la troisième fois en Asie. Les chefs de cette troisième croisade furent Philippe II, roi de France, et Richard, roi d’Angleterre ; ce dernier, chemin faisant, ayant pris l’île de Chypre sur les Grecs, en céda la souveraineté au malheureux Gui de Lusignan, dont la postérité la posséda jusqu’en 1458, qu’elle passa sous la domination des Vénitiens, auxquels elle fut depuis enlevée par les Turcs.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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