Secrétaire du roi de France, docteur des facultés de Paris et de Montpellier, professeur de botanique au Jardin Royal, il naquit le 6 juillet 1686 à Lyon. La passion d’herboriser fut très vive en lui dès sa jeunesse, et lui mérita une place à l’Académie des sciences en 1712.
Il parcourut une partie des provinces de France, les îles d’Hyères, la vallée de Nice, les montagnes d’Espagne, et il rapporta de ses savantes courses une nombreuse collection de plantes. Devenu sédentaire à Paris, il enrichit les volumes de l’Académie d’un grand nombre de Mémoires sur le café, sur le kali d’Alicante ; sur le cachou ; sur le macer des anciens, ou simarouba des modernes ; sur l’altération de l’eau de la Seine arrivée en 1731 ; sur les mines de mercure d’Almaden ; sur le magnifique recueil de plantes et d’animaux, peints sur vélin ; sur une fille qui n’avait point de langue et qui parlait cependant distinctement ; sur les cornes d’Ammon ; sur les pétrifications animales ; sur les pierres appelées pierres de tonnerre.
C’est lui qui a fait l’Appendix de Tournefort, et qui a rédigé l’ouvrage de Barrelier, sur les plantes qui croissent en France, en Espagne et en Italie (1714). On a imprimé son Discours sur les progrès de la botanique (1718). A ses occupations littéraires, il joignait la pratique de la médecine, et il voyait les pauvres de préférence. Il y en avait tous les jours chez lui un nombre considérable ; il les aidait non-seulement de ses soins, mais de son argent. Il mourut d’une espèce d’apoplexie, le 22 avril 1758, âgé de 72 ans.
Son frère, Bernard de Jussieu, né à Lyon en 1699, se distingua comme lui dans la pratique de la médecine, et par ses connaissances dans la botanique. Ses talents lui procurèrent la chaire de démonstrateur des plantes au Jardin du Roi, et une place à l’Académie des sciences de Paris. On lui doit l’édition de l’Histoire des plantes qui naissent aux environs de Paris, par Tournefort (1725), qu’il enrichit de notes, et dans laquelle il fit connaître plusieurs plantes qu’il avait découvertes dans des herborisations. Il est mort en 1777, dans sa 79e année, après avoir reçu les secours de la religion. Il avait été choisi par Louis XV pour former le Jardin des plantes de Trianon ; toutes ces plantes étaient indigènes, et servaient d’école botanique nationale.
Le cèdre du Liban manquait au Jardin du Roi. Bernard de Jussieu eut le plaisir de voir deux pieds de cet arbre, qu’il avait apportés d’Angleterre dans son chapeau, croître sous ses yeux, et leurs cimes élevées au-dessus des plus grands arbres. Son travail favori fut toujours l’élude des plantes, et surtout leur distribution en familles, fondée sur la ressemblance générale de leurs parties, ou ce que l’on appelle méthode naturelle. Le neveu de Bernard, Antoine-Laurent, devenu si célèbre par un ouvrage classique sur cette matière, a reconnu qu’il devait à son oncle sa première instruction et l’ébauche de son talent. Bernard de Jussieu était membre des Académies de Berlin, de Saint-Pétersbourg, d’Upsal, de l’institut de Bologne, de la société royale de Londres, etc.
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