LA FRANCE PITTORESQUE
25 juillet 1713 : découverte de l’ancienne
ville d’Herculanum, entre le Mont-Vésuve
et la ville de Naples
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Publié le mercredi 25 juillet 2012, par Redaction
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Martial, Stace, mettent Herculanum au nombre des villes abîmées par les éruptions du Vésuve ; mais Dion Cassius, qui vivait en 230 et qui a composé une histoire romaine, est le premier historien qui le dise formellement en décrivant l’éruption de l’an 79.

« Une quantité incroyable de cendres, emportée par le vent, remplit l’air, la terre et la mer, étouffa les hommes, les troupeaux, les poissons et les oiseaux, et engloutit deux villes entières, Herculanum et Pompéïa, dans le temps même que le peuple était assis au spectacle. » D. Cassius, L. 66, n°21. Si Florus, vers l’an 100, parle encore d’Herculanum, on ne peut plus douter que celle-ci n’ait été ensevelie sous les cendres ou laves sablonneuses du Vésuve.

Entrée de la maison du Grand Portail

Entrée de la maison du Grand Portail

Le prince d’Elbeuf, Emmanuel de Lorraine, qui était d’abord au service de France, et qui passa ensuite sa service de l’empereur, était allé en Italie dans le temps de la guerre de la succession. Il épousa à Naples, en 1713, la fille du prince de Salsa, à la suite d’une aventure de bal. Ce mariage lui fit désirer une maison de campagne aux environs de Naples ; il en fit bâtir une à Portici, et voulut la faire décorer de stuc. Un Français, qu’il avait avec lui, excellait dans la composition d’un stuc aussi dur et aussi brillant que le marbre, qu’il composait, comme les anciens, avec les débris, les éclats et la poussière de différents marbres : il ne s’agissait que d’en rassembler une quantité suffisante.

Un paysan de Portici en avait trouvé en creusant un puits dans sa maison : le prince d’Elbeuf acheta de ce paysan la liberté de faire des fouilles au même endroit. Telle fut la première occasion des découvertes d’Herculanum. On a reconnu depuis que cette première ouverture était justement au-dessus du théâtre. Après quelques jours de travail, on découvrit une statue d’Hercule, et ensuite, une de Cléopâtre. Ces premiers succès encouragèrent le prince d’Elbeuf ; on continua les excavations avec plus d’ardeur : on trouva bientôt l’architrave ou le dessus d’une porte en marbre avec des inscriptions et sept statues grecques semblables, et qui furent envoyées en France.

Quelque temps après on découvrit un temple antique, de forme ronde, environné de vingt-quatre colonnes d’albâtre fleuri ; l’intérieur était orné d’un pareil nombre de colonnes et d’autant de statues de marbre grec, qui furent envoyées à Vienne au prince Eugène.

Le produit de ces recherches devint bientôt assez considérable pour attirer l’attention du gouvernement, et l’on arrêta les travaux du prince d’Elbeuf. Depuis ce temps, où don Carlos, devenu roi de Naples, voulut faire bâtir un château à Portici, en 1756, le duc d’Elbeuf lui céda sa maison et le terrain d’où l’on avait tiré tant de belles choses. Le roi fit creuser à quatre-vingts pieds de profondeur perpendiculaire, et l’on ne tarda pas à reconnaître une ville entière qui avait existé à cette profondeur : on retrouva même le lit de la rivière qui traversait la ville et une partie de l’eau qui la formait.

Venuti, célèbre antiquaire, dirigeait alors les excavations : on découvrit le temple de Jupiter, où était une statue qu’on a dit être d’or, et ensuite, le théâtre, les inscriptions qui étaient sur les principales portes, les fragments des chevaux de bronze doré, du char auquel ils étaient attelés, qui avaient décoré la principale entrée de ce théâtre, une multitude de statues de marbre, de colonnes et de peintures, etc.

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