Pendant la guerre d’Amérique, la cour de Versailles ayant fait un traité d’alliance avec les Etats-Unis, au commencement de l’année 1778, la flotte française était sortie de Brest le 8 juillet de la même année. Le comte d’Orvilliers était général en chef, et avait divisé l’armée navale en trois escadres : la première était directement sous sa conduite ; la seconde était commandée par le comte Duchaffaut, et la troisième par le duc de Chartres, depuis duc d’Orléans.
La flotte anglaise était aussi en trois divisions. L’avant-garde était commandée par le chevalier Harland, vice-amiral de la rouge ; et l’arrière-garde, par le chevalier Pallifer, vice amiral de la bleue ; l’amiral en chef, Keppel, était au centre : les deux flottes se trouvèrent an présence le 27 juillet.
D’après toutes les relations de cette affaire, il paraît que d’Orvilliers aurait pu remporter une victoire signalée, et que cette victoire aurait été facile par la désobéissance de Pallifer à un signal de l’amiral Keppel. Cet amiral, à son retour en Angleterre, fut accusé d’avoir pu défaire l’armée navale de France ; on instruisit son procès, qui dura depuis le 7 janvier suivant jusqu’au 11 février. Il fut acquitté de la manière la plus honorable, par le conseil de guerre, qui déclara qu’il s’était conduit en officier expérimenté et judicieux.
- En France, on accusa le duc d’Orléans de s’être tenu à fond de cale pendant toute l’action ; mais de la Motte-Piquet prétend, dans sa relation, que le duc d’Orléans montra la plus grande ardeur pour en venir à une bataille ; que ce fut lui qui tira le premier coup de canon, et qui engagea le combat ; et que lorsque le comte d’Orvilliers écrivit à ses lieutenants-généraux, pour leur demander s’ils étaient d’avis de combattre, le duc fit cette réponse laconique : Le plus tôt sera le mieux ; je ne suis venu ici que pour cela.
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