Marquée par la perte, après trois ans de mariage, de son époux traqué comme aristocrate sous la Révolution, Sophie Cottin accouche tardivement d’une oeuvre sentimentale et grave où, presque toujours une femme lutte éperdument contre un amour défendu, plusieurs générations de lecteurs pleurant au récit de ces combats intérieurs
Après l’inauguration en 1910 du monument élevé à Bagnères-de-Bigorre à la mémoire de Sophie Cottin qui y avait jadis effectué un séjour pour se ressourcer et où elle avait rencontré le philosophe Azaïs, Fernand de Cardaillac — président de section au tribunal civil de la Seine qui conçut et réalisa le projet touchant d’exhumer la gloire de la romancière à qui nos aïeules vouèrent un culte de lectrices attendries — explique que le bas-relief figure la femme de lettres « dans une pose et une attitude méditative, pleine d grâce, un feuillet sur les genoux, un crayon dans une main ».
Et il ajoute : « Tout enfant, j’ai souvent joué près de Bagnères, dans un vallon solitaire qui porte encore le nom de celle qui vint jadis y chercher la solitude et l’inspiration, l’Élysée-Cottin. Sur le déclin de sa vie, on aime à revenir aux joies et aux impressions de l’enfance. Aussi m’a-t-il pris la fantaisie de lire les romans, aujourd’hui démodés, de celle qui fut célèbre en son temps et qui fut ensuite trop oubliée peut-être. »
« Oubliée » est l’épithète qui s’accole naturellement aujourd’hui au nom de Sophie Cottin. 80 ans après sa mort, au cours d’une étude sur Madame Cottin pendant la Terreur que publia le Correspondant, A. de Ganniers remarquait que parmi les gens cultivés, bien peu connaissaient cet auteur. Et pourtant, il fut fameux, ainsi que l’attestent les nombreuses éditions de ses romans : Claire d’Albe, Amélie Mansfield, Malvina, Mathilde, Élisabeth ou les Exilés de Sibérie. C’est une oeuvre sentimentale et grave où, presque toujours une femme lutte éperdument contre un amour défendu. Plusieurs générations pleurèrent au récit de ces combats intérieurs. Mais les yeux se séchèrent vite : de Madame Cottin et de Mademoiselle de Scudéry, Sainte-Beuve put dire : « Pas une oeuvre d’elles qu’on puisse lire autrement que par curiosité, pour savoir les modes de sensibilité de nos mères. »
Gravure (coloriée) de 1840 d’après un dessin de Charles-Abraham Chasselat (1782–1843) |
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Sophie Cottin née Risteau (parfois orthographié Ristaud), est issue d’une ancienne famille de la bourgeoisie, remontant au XVIIe siècle ainsi qu’en fait foi le livre de raison de son ancêtre le plus reculé, Guilhaume Varin, qui habitait Rouen. La date de naissance de cet aïeul n’est pas connue ; on sait seulement qu’en 1681 il épousa Suzanne Roger.
De ce mariage naquirent plusieurs enfants, dont Suzanne Varin, qui fut d’abord Mme Lecourt, et en secondes noces Mme de Candole. C’est elle qui continua le livre commencé par son père. De son union avec Lecourt, orfèvre à Rouen, vint au monde Jacques Lecourt, lequel, marié en 1735 à Marie Lemaignan, eut deux filles.
L’une, Suzanne-Marie Lecourt, épousa en 1754 Jean-Baptiste Venès, bourgeois de Tonneins (Lot-et-Garonne), négociant à Bordeaux. Félicité Venès, l’aînée de leurs filles, épousa en 1774 Bernard Lafargue, dont elle eut cinq enfants. Julie-Victoire Venès, la dernière, devint en 1789 la femme de Pierre Verdier de la Carbonnière, ancien officier de cavalerie, chevalier de Saint-Louis, habitant Tonneins. Anne-Suzanne Lecourt, née un an après sa sœur Suzanne-Marie, se maria quant à elle en 1756 avec Jacques Risteau, également négociant à Bordeaux, qui eut pour fille aînée Anne-Marie-Henriette, et pour seconde fille Sophie, notre héroïne.
Marie-Sophie-Risteau, plus tard connue sous le nom de Sophie Cottin, naquit à Paris, place des Victoires, le 22 mars 1770 (et non 1773 comme disent la plupart de ses biographes). Elle fut, il est vrai, apportée à l’âge de deux mois au Bousquet, maison de campagne aux environs de Tonneins, qui appartenait à M. Venès, beau-frère de Mme Risteau. Cette propriété lui était venue de son père, négociant à Bordeaux.
C’est entre cette habitation et Bordeaux que Sophie passa son enfance et sa jeunesse, dans un entourage protestant, qui tint à la faire rester dans la confession de ses pères et commença à changer son nom de Marie, considéré sans doute comme trop catholique, en celui de Sophie.
À Bordeaux, où sa mère était entourée de marins et d’armateurs, Sophie Risteau recevait une éducation solide et cultivait son esprit par les auteurs anciens qui lui donnaient le goût des lectures intéressantes. Sans être jolie, avec ses cheveux blonds presque roux, s’il faut en croire lady Morgan, elle attirait par son air doux et sérieux, au travers duquel se devinait une nature pleine de sensibilité. D’un caractère tendre et mélancolique, elle préféra de bonne heure les jouissances du cœur à celles de l’esprit. Comme elle ne cherchait point les suffrages du monde, et qu’elle avait plus de solidité que d’éclat dans sa conversation, ceux qui l’entouraient n’avaient point deviné ses dispositions brillantes, et son talent fut longtemps un secret pour sa propre famille.
A l’âge de dix-neuf ans, et non dix-sept ou dix-huit comme indiqué par erreur dans la plupart de ses biographies, elle épousa Jean-Paul-Marie Cottin, écuyer, banquier à Paris, le 16 mai 1789, ainsi que Jacques Risteau son père le consigne sur son livre de raison. Ce mariage se fit sans doute par les rapports d’affaires des deux familles, dans chacune desquelles se trouvait un directeur de la Compagnie des Indes. Peut-être le jeune homme allait-il à Bordeaux quelquefois voir son beau-frère Théodore Jauge, grand armateur de cette ville avant d’aller à Paris faire la banque avec son beau-frère. Ce mari était jeune, n’en déplaise aux nombreux articles qui le représentent comme un vieillard. Il avait vingt-quatre ans, et l’âme sincère de la jeune fille, son cœur tout disposé à l’amour, se donnèrent à lui entièrement.
Le jeune ménage habita rue Saint-Georges, dans un des plus beaux hôtels du Paris d’alors. La fortune considérable du banquier lui permit de s’installer luxueusement, ainsi que le donne à penser l’abandon important de mobilier que fit Sophie trois ans plus tard. Le penchant très développé de cette dernière à la bienfaisance, en fut surtout facilité.
Mais, en 1789, les troubles politiques commençaient en France, et l’horizon s’assombrissait rapidement. Paul Cottin était engagé dans des entreprises commerciales que la Révolution fit échouer. En 1791, il partit pour les Pyrénées avec sa femme et sa belle-mère. Mme Cottin eut alors un aperçu de ces belles montagnes qu’elle voyait pour la première fois et au sein desquelles elle devait, onze ans plus tard, vivre des heures si enchantées, suivies d’autres cruelles.
À peine étaient-ils à Cauterets qu’on proclama la République. Ils résolurent alors de passer en Espagne, ou tout au moins d’aller y faire un séjour de quelque temps. La famille a, de ce voyage, une chanson sur les Pyrénées, attribuée à Sophie Cottin, et le passeport qui lui fut délivré à Bayonne, ainsi libellé :
« Laissez passer Dame Sophie Cottin, née Risteau, allant en Espagne en compagnie de son mari, domiciliée à Paris, municipalité du dit lieu, district de même, Département de Paris, femme de banquier, banquier de profession, âgée de 18 ans, taille grande et bien faites... cheveux et sourcils blonds, yeux bleus et grand nez long, bouche moyenne, menton arrondi, front ordinaire, visage ovale et prêtez-lui aide et assistance en cas de besoin.
« Délivré à la Maison Commune de Bayonne le 29 du mois d’août mil sept cent quatre vingt douze le quatrième de la Liberté... à cy signé : GARROU l’aîné. »
Le passeport semble indiquer que, revenu d’Espagne au bout de six mois, le ménage se rendit en Angleterre. Sans doute allait-il retrouver le père de Paul Cottin, car, effrayé des excès auxquels la Révolution commençait à se livrer, celui-ci était parti pour Londres où il mourut en 1793. L’année d’après, Mme Risteau mourut chez sa fille. Jacques Risteau, le père de Sophie, était mort à Bordeaux en 1792, à l’âge de 66 ans. Peu après, Paul Cottin et son épouse rentraient à Paris, sur la loi de confiscation des biens des émigrés. Le beau-frère et associé du jeune banquier, Théodore Jauge, avait été guillotiné ; André Cottin, le frère de Paul, était en prison, et Paul lui-même fut dénoncé comme aristocrate.
L’état de sa santé déjà précaire s’aggrava si subitement — on croit qu’il était atteint d’une angine de poitrine — qu’il fut enlevé en quelques heures, le 5 octobre 1793, à deux heures du matin, au 6 rue du Mont-Blanc. Quand ils vinrent le surlendemain pour l’arrêter, les gardes nationaux se trouvèrent en présence d’un cadavre. il était âgé de 28 ans et ne laissait pas d’enfants.
Sa jeune veuve, atterrée sous un coup aussi inattendu, n’eut même pas le temps de le pleurer. Il fallait partir en hâte, se soustraire à la proscription qui la frappait aussi. Laissant aux délégués de la Convention les richesses que contenait l’hôtel de la rue Saint-Georges, sur lequel ils avaient d’ailleurs mis les scellés, elle s’enfuit à Champlan, maison de campagne que son mari possédait aux environs de Paris. Cette propriété, qui avait alors 200 hectares, était située sur un versant de la charmante vallée de l’Yvette, à quatre lieues de Paris, sur la route de Corbeil à Versailles, entre Palaiseau et Longjumeau.
Le premier de Sophie Cottin fut d’attirer dans sa retraite sa cousine et amie de coeur Julie Venès, mariée, la même année qu’elle, à Pierre Verdier de la Carbonnière, âgé de soixante-trois ans. Elle en avait dix-sept et avait fait une condition de son mariage de venir habiter Paris, malgré les nuages politiques qui s’amoncelaient. Depuis cette époque, deux filles lui étaient nées, et elle attendait un troisième enfant.
Mais la douleur très vive qu’éprouva Sophie de la mort de son époux, fut accompagnée d’un désastre financier, qui lui causa beaucoup de préoccupations et d’ennuis. Ce ne fut pas toutefois une aggravation de son chagrin, car la noblesse de sa nature et aussi son ignorance de la valeur de l’argent ne laissaient pas place à des sentiments intéressés. Ce dont elle souffrait le plus, c’est de la pensée qu’il lui faudrait restreindre ses aumônes, car elle venait libéralement au secours de ses protégés.
Gravure (colorisée) réalisée vers 1845 extraite d’une série sur les costumes et uniformes du temps du Directoire |
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C’est pendant ce séjour à Champlan qu’elle écrivit à un quinquagénaire, M. Gramagnac, notable commerçant parisien, qui s’était épris d’elle, les lettres publiées par A. de Gannier dans le Correspondant de 1888. Le brave homme avait été l’intime ami de feu Cottin. Veuf lui-même, il défendait les intérêts de la jeune femme, menacés par les prétentions de la Convention. Il s’attendrit au cours de cette procédure, et il eut le tort de le dire à cette veuve de vingt-deux ans, qui ne lui répandit qu’en pleurant son vieux mari, pour lequel on ne se doutait pas qu’elle eût éprouvé tant d’amour.
Cette correspondance présente la petite bourgeoise lettrée sous un jour trouble ; certains de ses admirateurs y trouvent à alimenter leur enthousiasme ; d’autres, tout en reconnaissant que la dame avait du style, constatent qu’elle avait de la ruse aussi. L’excellent Gramagnac se voit chargé des mille soins que réclament la veuve et ses amis. Mais il aime, et discrètement, timidement, il implore. Alors, après lui avoir donné mission de chercher un appartement meublé à Paris, et avant de Te prier d’envoyer du thé à Champlan, on lui décoche, à propos d’un livre : « Le désir, mais le désir timide la suivait en silence, dit l’abbé Raynal ; le seul honnête homme eût osé l’aimer, mais n’eût pas osé le lui dire. Heureuse la femme digne d’un pareil éloge ! »
Quand le bonhomme se tient coi, on le ramène par de douces paroles, où l’on joue du mot « amitié » comme d’un éventail dans un galant entretien. Se risque-t-il à nouveau, on vous le rabroue éloquemment, avec de la philosophie, de la psychologie, et toujours des invocations aux mânes du mari défunt. Enfin, l’honnête marchand écrit une lettre « raisonnable » et on lui donne en récompense cet excellent morceau de composition littéraire :
« Quelle noble satisfaction j’éprouve en contemplant la dignité de l’homme et sa supériorité sur tout ce qui l’entoure ! Tandis que toutes les espèces vivantes n’ont que des plaisirs et qui s’éteignent dans les glaces de l’hiver, l’homme seul aime toujours ; les saisons n’influencent point son âme, l’absence ni la mort ne la peuvent changer ; enfin, il n’appartient qu’à lui de sentir qu’une seule vie ne peut suffire à deux attachements.
« Je sais qu’il est parmi nous des êtres dégradés qui croient faire un meilleur choix en partageant les sensations des animaux, et leur image me fait penser que notre espèce se distingue des autres en ce qu’elle a reçu le privilège de pouvoir se dénaturer, mais s’il lui est permis de s’abaisser jusqu’à la brute, il lui est donné de s’élever jusqu’aux anges, et je réserve ma plus tendre estime aux âmes en qui j’aperçois quelque trace de cette grandeur. » Longtemps après 1807, année où mourut Sophie Cottin, M. Gramagnac ventait sa vertu et conservait ses lettres comme un talisman.
Cette épistolière glacée garda-t-elle toujours ce jugement sur les hommes et les animaux ? C’est sujet à controverse entre ses biographes. Les uns veulent que deux soupirants se soient suicidés devant sa vertu impassible. D’autres ne le veulent pas. Le Dictionnaire universel lui-même osa dire : « Elle a aimé, mais chose assez singulière, sans avoir su inspirer une passion durable. » Et le nom d’un amant était cité « le citoyen Amab... », à qui, dans une lettre, elle adresse de « tendres reproches ». De Gannier ne croit pas au succès du « citoyen Amab... », mais il accorde cependant que la « nature ardente et passionnée » de Sophie Cottin, « l’exaltation de ses sentiments l’exposaient plus qu’une autre à la chute, vis-à-vis d’un soupirant qui eût su exploiter facilement ces qualités ».
Quoi qu’il en soit, l’amitié et l’étude pouvaient seules distraire Sophie de ses chagrins. Douée d’une imagination vive et d’une grande facilité pour rendre ses idées, elle se plaisait, dans sa solitude, à écrire les pensées qui avaient frappé son esprit. Elle était alors loin de songer qu’elle occuperait un jour le public, et ne pensait qu’à plaire à ses amis, sans avoir la moindre idée de son talent. Elle s’était d’ailleurs, jusque-là, bornée à quelques pièces de vers pleines de naturel, ou à quelques morceaux de prose dont elle seule ignorait le charme et la grâce ; enfin, entraînée par sa facilité, après avoir conçu un plan, elle écrivit de suite deux cents pages, et ces deux cents pages furent un roman plein de sensibilité et d’éloquence.
Ce fut ainsi qu’elle fit Claire d’Albe. Un de ses amis, qui venait d’être proscrit, avait besoin de cinquante louis pour pouvoir sortir de France et dérober sa tête aux bourreaux ; Sophie Cottin rassembla les feuilles éparses qu’elle venait d’écrire, et les vendit à un libraire pour en remettre le prix à une victime de la Révolution. Ainsi le premier pas que fit Mme Cottin dans la carrière des lettres fut marqué par une bonne action et par un bon ouvrage : elle garda le plus profond secret sur l’une et sur l’autre.
Le roman de Claire d’Albe, lorsqu’il parut, trouva dans le monde un grand nombre de partisans ; mais il trouva aussi quelques censeurs : Sophie Cottin écoutait les critiques et les éloges avec la même indifférence. Lorsque par la suite elle fut connue du public , elle regrettait sincèrement le temps où tous les jours elle s’entendait louer, critiquer, juger avec franchise et sans aucun ménagement. Ce fut moins le succès de Claire d’Albe que le besoin d’écrire et d’épancher son cœur qui lui fit reprendre la plume.
Bientôt elle publia Malvina, qui n’eut pas moins de succès que son premier ouvrage ; Amélie Mansfield, remarquable par le plan et la composition ; Mathilde, où l’on admire trois caractères tracés avec une grande supériorité ; enfin, Élisabeth ou les Exilés de Sibérie, où l’on retrouve partout la vive peinture des plus tendres et des plus vertueuses affections de l’homme.
D’autres écrivains ont mieux connu que Sophie Cottin le monde et ses ridicules, mais personne n’est allé plus avant dans les secrets du cœur, et n’a rendu les sentiments et les passions avec plus d’éloquence et de vérité. Elle avait une si grande facilité, que ses ouvrages ne lui coûtaient presque point de travail. Elle ne déroba jamais un instant à ses devoirs ni à la société de ses amis.
Quoiqu’elle eût beaucoup écrit, elle avait pour maxime qu’une femme ne doit point écrire. Dans la première édition d’Amélie Mansfield, elle faisait une censure très amère des femmes auteurs, et ne songeait point à faire une exception pour elle. C’est avec beaucoup de peine qu’elle consentit dans la suite à supprimer ce passage qu’on lui reprochait comme une inconséquence. Elle était de si bonne foi dans cette opinion, qu’elle ne pouvait se consoler d’avoir publié des ouvrages, surtout des romans, et de s’être livrée aux jugements des lecteurs. La raison qu’elle en donnait fait bien connaître son caractère : « Lorsqu’on écrit des romans, disait-elle, on y met toujours quelque chose de son propre cœur : il faut garder cela pour ses amis. »
Son plaisir était de composer un roman ; lorsque l’ouvrage était publié, sa crainte et son ennui étaient d’en entendre parler. Lorsque ses amis louaient un de ses ouvrages, elle n’en était touchée que lorsque, dans leurs éloges, elle voyait une marque de leur amitié. Personne ne redoutait moins qu’elle une critique purement littéraire. Lorsqu’un de ses ouvrages était jugé avec sévérité dans les journaux, elle était toujours de l’avis des critiques, et s’accusait ingénument d’avoir mérité leur censure. Pour se faire pardonner ce qu’elle appelait ses torts, elle avait associé les pauvres au succès de ses ouvrages, et le produit en était toujours employé à des œuvres de bienfaisance.
Dans les dernières années de sa vie, elle avait entrepris d’écrire un livre sur la religion chrétienne, prouvée par les sentiments ; elle avait commencé aussi un roman sur l’éducation, dont elle n’avait fait que les deux premiers volumes ; une maladie cruelle la surprit au milieu de ce dernier travail, dont elle attendait, disait-elle, la seule gloire qu’une femme pût désirer.
Après trois mois de souffrances, qui ne furent adoucies que par les tendres soins de l’amitié et les consolations de la religion, elle mourut le 25 août 1807, à l’âge de 37 ans.
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