31 août 1422 : mort du roi d’Angleterre Henri V au château de Vincennes

Henri V, roi d’Angleterre, devint aussi roi de France par la plus étonnante révolution qu’on eût encore vue depuis Charlemagne. La France était alors déchirée par les factions des Orléanais et des Bourguignons, qui se disputaient le gouvernement de l’Etat pendant la funeste maladie de Charles VI. Cétait une occasion favorable pour un roi d’Angleterre, de faire valoir les droits que ses prédécesseurs prétendaient au trône de France depuis Edouard III.

Henri V, prince rempli de prudence et de courage, descend en Normandie avec une armée de cinquante mille hommes, prend Honfleur, et gagne cette fameuse bataille d’Azincourt (25 octobre 1415), où sept princes du sang furent tués, et cinq faits prisonniers. Après cette victoire, le vainqueur aurait pu marcher droit à Paris ; mais il repassa en Angleterre, pour aller chercher de l’argent et de nouvelles troupes.

Isabelle de Bavière, femme du roi Charles VI, avait obtenu de son mari des lettres patentes, qui lui laissaient les rênes du gouvernement ; elle avait à la fois la passion de s’enrichir, de gouverner et d’avoir des amants. Ce qu’elle avait pris à l’État et à son mari, était en dépôt en plusieurs endroits, et surtout dans les églises. Le dauphin (qui fut depuis le roi Charles VII) et les Armagnacs déterrèrent ces trésors, et s’en servirent dans le pressant besoin où l’on était.

À cet affront qu’Isabelle reçut de son fils, le roi en joignit un plus cruel ; un soir, en rentrant chez la reine, il trouva le seigneur de Bois-Bourdon qui en revenait ; il le fait prendre sur-le-champ ; on lui donne la question, et cousu dans un sac, on le jette dans la Seine. On envoie aussitôt la reine prisonnière à Blois, de là à Tours, sans qu’elle puisse voir son mari. La reine implore le secours du duc de Bourgogne, qui vient l’enlever de sa prison, ravage tout sur son passage, et conclut une ligue avec le roi d’Angleterre.

C’est à cette ligue encore plus qu’à la bataille d’Azincourt, qu’il faut attribuer la révolution qui plaça un étranger sur le trône de France. Henri V descend une seconde fois en Normandie, tandis que le duc de Bourgogne (Jean Sans Peur) s’avance du côté de Paris ; sa faction y massacre en un jour le connétable d’Armagnac, les archevêques de Reims et de Tours, cinq évêques et quarante magistrats. La reine et le duc de Bourgogne font, à Paris, une entrée triomphante au milieu du carnage. Le dauphin fuit au delà de la Loire, Henri V est déjà maître de toute la Normandie.

Le duc de Bourgogne voyant Henri V trop puissant, entend aux propositions d’accommodement que lui fait faire le dauphin ; ils se voient tous les deux sur le pont de Montereau ; c’est là que ce cruel Jean Sans Peur, qui avait fait autrefois assassiner le duc d’Orléans, fut assassiné lui-même par Tanneguy du Châtel, un des officiers du dauphin. Il n’y eut rien de prémédité dans cet assassinat, dont la seule cause fut la trahison de Jean Sans Peur dans cette entrevue.

Philippe le Bon, nouveau duc de Bourgogne, et la reine Isabelle, conclurent alors avec Henri V ce fameux traité, signé à Troyes, par lequel il fut dit que Catherine de France épouserait Henri V, ce qui fut exécuté un mois après ; et qu’après la mort de Charles VI, la couronne de France passerait à Henri V, qui prit dès lors le titre de régent et d’héritier du royaume. Enfin, le traité portait qu’on poursuivrait sans relâche Charles, soi-disant dauphin de France.

La révolution paraissait alors consommée sans retour ; Henri avait des trésors et des armées : il était encore dans la fleur de son âge ; mais la destinée renversa tant de prospérités et d’espérances ; Henri mourut d’une fistule, au château de Vincennes, à l’âge de trente-quatre ans. Henri VI, fils de Henri V, enfant de neuf mois, qui était à Londres, fut proclamé roi à Paris et à Londres ; mais il fut chassé de ces deux royaunes ; Charles VII lui reprit la couronne de France, et Edouard IV le dépouilla de celle d’Angleterre.

En complément de lecture : la bataille d’Azincourt le 25 octobre 1415