LA FRANCE PITTORESQUE
13 septembre 1694 : mort du
littérateur Barbier d’Aucourt
()
Publié le mardi 11 septembre 2012, par Redaction
Imprimer cet article

La vie de Jean Barbier d’Aucourt semble être une longue déception, une indécision permanente, un désappointement continuel. Se destinant d’abord à l’enseignement public, il débute par un grossier barbarisme ; avocat, il reste court dans son premier plaidoyer ; ambitieux, il se fait l’ennemi des jésuites ; critique et satirique, il dirige ses traits contre Racine ; laborieux, on le fait académicien. Une seule fois dans sa vie, il rédige un bon factum, son client succombe des suites de la question ; enfin, il obtient la protection de Colbert, celui-ci meurt au même moment.

Une inflammation de poitrine vint mettre fin à la vie et aux tribulations de Barbier d’Aucourt, qui, pour subsister, avait été obligé d’épouser la fille de son libraire. Pendant sa maladie, l’Académie française lui envoya des députés, qui se montrèrent touchés de le voir mal logé. « Ma grande consolation, leur dit-il, c’est que je ne laisse point d’héritiers de ma misère. »

L’abbé de Choisy, l’un des députés, lui dit poliment : « Vous laissez un nom qui ne mourra pas. — Ah ! c’est de quoi je ne me flatte point, reprit-il ; quand mes ouvrages auraient d’eux-mêmes une sorte de prix, j’ai péché dans le choix de mes sujets. Je n’ai fait que des critiques, ouvrages peu durables ; car si le livre qu’on a critiqué vient à tomber dans le mépris, la critique y tombe en même temps, parce qu’elle passe pour inutile ; et si, malgré la critique, le livre se soutient, alors la critique est pareillement oubliée, parce qu’elle passe pour injuste. »

Copyright © LA FRANCE PITTORESQUE
Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

Imprimer cet article

LA FRANCE PITTORESQUE