L’amuser, le tromper par de belles promesses
Pasquier s’est servi de cette façon de parler dans une de ses lettres, et en donne l’explication dans le portrait qu’il fait de Louis XI.
« C’était, dit-il, un esprit remuant, versatile, fin, prince qui savait, par de belles promesses, donner la muse à ses ennemis, et rompait leurs mesures, usant de la religion selon ses affaires, et estimant tout autre chose lui être permise, quand il s’était acquitté d’un pèlerinage. »
On disait, et on dit encore aujourd’hui muser, se distraire de son travail, regarder ou faire une chose inutile ; musard, pour désigner un fainéant qui oublie ce qu’il a à faire, et musardie, pour dire sottise, fainéantise, comme on le voit dans ces vers du roman de la Rose :
Quiconque croye, ne que die Que ce soit une musardie. |
Le verbe muser s’emploie encore pour signifier regretter, et le mot musard pour celui qui regrette de n’avoir pas profité d’une bonne occasion, comme on le voit par le proverbe qui refuse, muse.
La Mothe Le Vayer fait dériver toutes ces expression des Muses. « Que voulez-vous, dit-il, c’est le propre des Muses de nous amuser inutilement, et nos pères, qui opposaient le vieux mot de musart à celui de guerrier, ont assez témoigné qu’ils tenaient les hommes d’étude fort mal propres à l’action : Carmina secessum scribentis et otia qaerunt. »
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