C’est, au propre, la voir lorsqu’elle est dans son décours, phase où elle montre les cornes tournées vers l’occident, et, au figuré, c’est éprouver certaine infortune dont les cornes sont le symbole
Les anciens astronomes ont déterminé la droite et la gauche du monde par la droite et la gauche d’une personne qui aurait le visage tourné vers le midi. « L’orient, dit Pline le Naturaliste, est à la gauche du monde. »
D’où le sens de cette expression au propre. Quant au sens figuré, métaphorique, il est attribué à ce dicton par madame de Sévigné dans la phrase suivante : « Montgobert m’a conté fort plaisamment les manœuvres de la belle Iris, et les jalousies de M. le comte. Je crois qu’il verra souvent la lune à gauche avec cette belle. » (Lettre 601 de l’édition de Grouvelle.)
Il n’est pas besoin de dire pourquoi il s’agit ici de la gauche, car personne n’ignore que les phénomènes qui se présentent de ce côté ont été presque toujours réputés de mauvais augure. Mais il est à propos de remarquer que cette superstition a été, dans les temps les plus reculés, le fondement de la doctrine astrologique qui attribue au décours de la lune des influences fâcheuses sur les naissances.
De là est venue la locution proverbiale être né à la quatrième lune, c’est-à-dire dans le dernier quartier de la lune, que les Grecs et les Latins appliquaient à un homme malheureux, et qu’ont employée plusieurs de nos vieux écrivains, entre autres, Yver, dans la phrase suivante : « Voyant tous ses efforts succéder si à rebours, qu’il semblait né à la quatrième lune. » (Printemps d’Yver, hist. 2)
Copyright © LA FRANCE PITTORESQUE
Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.