Haleine forte
Saint Colomban, moine irlandais, qui parcourut la France pour y réformer les mœurs, vers la fin du sixième siècle, et fonda l’abbaye de Luxeuil, d’où il fut chassé, parce qu’il avait osé blâmer les désordres de Brunehaut (en 607) et de Thierry II (en 612), roi d’Austrasie, donna lieu à cette expression proverbiale par un singulier miracle que les légendaires lui attribuent.
Prêchant un jour, disent-ils, près du lac de Zurich, dans un village dont les habitants, encore païens, voulaient offrir à leur dieu Vodan une immense cuve pleine de bière, il souffla sur cette cuve, qui à l’instant vola en éclats, quoiqu’elle fût de pierre dure, et les spectateurs étonnés s’écrièrent : « Oh ! quelle bonne haleine a cet homme-là ! »
Ce fait a été développé dans une petite pièce de vers qui se termine ainsi :
Nouveau Moïse, il souffle, et le bassin Est pourfendu sous les lèvres du saint. Vous eussiez cru qu’en soufflant de la sorte Le cas était pleinement résolu ; Mais savez-vous ce qu’il en fut conclu ? C’est que l’apôtre avait l’haleine forte. |
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