Locution employée en parlant d’une demoiselle qui a eu quelque aventure préjudiciable à son honneur
Autrefois, un des plus grands témoignages d’amour qu’une belle pût accorder à un homme qu’elle croyait devoir épouser ou qu’elle aimait, c’était de lui donner ses gants ou l’un de ses gants, surtout celui de la main gauche, dite la main du cœur.
Dans un vieux roman de chevalerie, une demoiselle, voulant prouver sa reconnaissance à Gérard de Nevers, qui l’avait défendue contre ses ennemis, « prit son gant senestre, si le bailla à Gérard qui moult volontiers le prist, icelle lui disant : Sire, mon corps, ma vie, mes terres et mon honneur, je mets en la garde de Dieu et de vous. »
Elisabeth, reine d’Angleterre, éprise de Robert d’Évreux, comte d’Essex, lui fit présent d’un de ses gants pour qu’il le portât à son chapeau, faveur dont elle n’honora aucun autre soupirant, car on prétend qu’elle en eut un assez grand nombre, sans jamais négliger pourtant le soin de sa virginité, s’il faut en croire cette épitaphe qu’elle ordonna de mettre sur son tombeau :
« Ci-gît Élisabeth, qui régna vierge et mourut vierge. Hic sita est Elisabeth quae virgo regnavit et virgo obiit. » (Cambden, ad ann. 1559.) Aussi est-elle appelée la belle vestale assise sur le trône d’Occident, dans une pièce de Shakespeare, et la reine vierge, dans le Château de Kenilworth, de Walter Scott tome 2, chapitre VIII).
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