Nous trouvons dans Bachaumont la date de la fondation d’un des tout premiers cabinets de lecture qui semble avoir été ouvert dans Paris. On lit dans les Mémoires secrets, à la date du 30 décembre 1762 :
« Le nommé Grangé, libraire, ouvre incessamment ce qu’il appelle une salle littéraire. Pour trois sous par séance, on aura la liberté de lire pendant plusieurs heures de suite toutes les nouveautés.
Cela rappellerait les lieux délicieux d’Athènes, connus sous le nom de Lycée, du Portique, etc., si le ton mercenaire ne gâtait ces beaux établissements. »
Il faut être juste, « le nommé Grange » ne pouvait cependant pas ouvrir au public son établissement pour rien. Vingt ans après, le cabinet de lecture, même sans rappeler « les lieux délicieux d’Athènes », était entré tout à fait dans nos mœurs, comme en témoigne ce curieux passage d’un prospectus de 1784 :
« La distribution des livres se fera tous les jours depuis huit heures du matin jusqu’à midi, et depuis deux jusqu’à huit heures du soir, à l’exception des fêtes et dimanches.
« On trouvera dans le cabinet le Journal encyclopédique, l’Année littéraire, les Annales politiques, les Mémoires historiques, le Journal des causes célèbres, le Mercure de France, le Journal politique de Bouillon, la Gazette de France, une gazette étrangère, et les livres nouveaux à mesure qu’ils paraîtront. Les ouvrages contre la religion, l’Etat et les mœurs, en seront bannis. »
On voit par la dernière phrase que le directeur de l’établissement tenait à être en règle avec la police.
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