LA FRANCE PITTORESQUE
C’est la danse des dindons
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Publié le vendredi 25 mars 2022, par Redaction
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Chose qu’on a l’air de faire de bonne grâce, quoique ce soit à contrecœur
 

Cette expression proverbiale est fondée sur l’historiette suivante qui paraît être d’une tradition fort ancienne :

Un de ces hommes dont le métier est de spéculer sur la curiosité publique, fit annoncer à son de trompe, un jour de foire, dans une petite ville de province, qu’il donnerait un ballet de dindons. La foule s’empressa d’accourir à ce spectacle extraordinaire ; la salle fut remplie ; des cris d’impatience commandèrent le lever de la toile : le théâtre se découvrit enfin, et l’on vit paraître les acteurs de basse-cour qui sautaient précipitamment, tantôt sur un pied et tantôt sur l’autre, en déployant leur voix aigre et discordante sur tous les tons, tandis que le directeur s’escrimait à les diriger avec une longue perche pour leur faire observer les règles du chassez et du croisez.

Cette scène burlesque produisit sur les assistants un effet difficile à d’écrire. Les uns se récriaient de surprise, les autres applaudissaient avec transport ; ceux-ci trépignaient de joie, ceux-là poussaient des éclats de rire immodérés ; et l’engouement général était tel que personne ne soupçonnait pourquoi les dindons se donnaient tant de mouvement.

On s’aperçut enfin que c’était pour se soustraire au contact d’une tôle brûlante sur laquelle ils étaient placés. Quelques étincelles échappées d’un des fourneaux disposés sous cette tôle découvrirent le secret de la comédie. Mais en même temps la peur du feu gagna l’assemblée : dans un instant tout y fut tohu-bohu, et les spectateurs et les acteurs, se précipitant pêle-mêle, se sauvèrent comme ils purent, les premiers avec un pied de nez, et les seconds avec des pieds à la Sainte-Ménehould (allusion à la recette de cuisine dans laquelle les pieds de porc sont longtemps bouillis avant d’être panés).

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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