Qui refuse perd une occasion qui ne se représentera pas
La meilleure explication de ce proverbe se trouve dans ce vers de Molière : « Refuser ce qu’on donne est bon à faire aux fous. »
Muser signifiait autrefois faire acte de folie, et musar équivalait à fou. Vous parlez comme hardi musar, répondit saint Louis à Joinville qui venait d’avancer qu’il aimerait mieux avoir commis trente péchés que d’être mézeau (lépreux).
Mais ces deux mots perdirent, dans la suite, une telle acception, et furent seulement employés, le premier, pour exprimer l’habitude de consumer en bagatelles un temps réclamé par quelque occupation sérieuse, et le second, pour désigner l’insouciant entiché de cette manie. C’est dans ce dernier sens qu’il faut entendre l’adage suivant, traduit du grec par Amyot :
Qui muse à quoi que ce soit, Toujours perte il en reçoit. |
Notez que le verbe morari (muser) se prenait aussi, chez les Latins, dans le même sens que le verbe insanire (être fou), avec cette seule différence que sa première syllabe était brève dans un cas et longue dans l’autre.
La preuve s’en trouve dans plusieurs auteurs, et dans ce jeu de mots que l’ingrat Néron, au rapport de Suétone, fit après la mort de Claude, dont il était le fils adoptif : Desiit morari inter homines. Il a cessé de demeurer ou de délirer parmi les hommes.
Copyright © LA FRANCE PITTORESQUE
Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.