Il paraît qu’en Bretagne on croit que cela porte bonheur d’entendre chanter les coucous. Deux frères travaillaient dans un champ.
Un coucou chante ; l’un des deux frères dit à l’autre :
— Je l’ai entendu chanter le premier ; c’est pour moi qu’il a chanté. Je vais tout de suite acheter la maison de mon voisin dont j’ai envie depuis longtemps.
— Non, dit l’autre ; c’est pour moi. Je vais aller vendre ma jument au marché ; je suis sûr que j’en tirerai un grand prix.
— Mais non, c’est pour moi. Allons tous deux trouver le juge.
Ils vont trouver le juge, et lui disent :
— Vous avez beaucoup d’expérience ; vous allez nous tirer d’incertitude. Mon frère dit que c’est pour lui que le coucou a chanté, et moi je dis que c’est pour moi.
Le juge, après avoir beaucoup réfléchi, leur dit :
— Mettez d’abord là chacun un petit écu.
Puis, quand tous deux eurent déposé leur obole, il mit le tout dans sa poche, et leur répondit :
— Vous voyez bien que c’est pour moi que le coucou a chanté.
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