Pour la première fois depuis plus de trente ans, le Musée d’Orsay rend hommage au graveur, peintre et sculpteur Gustave Doré (1832-1883) dans une grande exposition rétrospective... Où l’on apprend que le Chewbacca de Star Wars aurait été inspiré du célèbre Chat Botté.
« Il n’innove pas. Ses codes esthétiques sont ceux de son temps. Il fait partie du romantisme finissant, du naturalisme académique », confesse Edouard Papet, commissaire de l’exposition que le Musée d’Orsay consacre à Gustave Doré (1832-1883).
Boudé par une partie de la critique en son temps qui ne voyait en lui qu’un illustrateur de livres pour enfants, le graveur, peintre et sculpteur autodidacte a pourtant, « par ses images, exerçait une emprise sur l’imaginaire collectif occidental. »
Gravé dans le marbre
Auteurs de bande dessinée (Druillet, Tardi, Yslaire...) ou réalisateurs de films (Georges Méliès, Terry Gilliam, Peter Jackson...), les créateurs des siècles suivants admettent qu’ils lui doivent beaucoup.
Mais de son vivant également, Gustave Doré a connu le succès. « Même s’il s’est beaucoup plaint de n’être pas reconnu à sa juste valeur par la critique, Gustave Doré n’était pas un génie incompris, explique Edouard Papet. Il voulait être un peintre sérieux. Et à cette époque, être un vrai peintre, c’était faire de la peinture d’histoire. Il va exceller dans ces grands formats historiques. Avec de fascinants grouillements de figures. Mais une partie de la critique continuera à ne le voir que comme un graveur. »
Gustave agace
C’est effectivement l’illustration de grands textes, de L’Enfer de Dante à La Bible, des contes de Perrault aux fables de La Fontaine, qu’il va rencontrer un incroyable succès populaire.
Le Chat Botté. Illustration de Gustave Doré |
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« Alpiniste, violoniste, acrobate... C’est un personnage qui agace, qui se met en scène. Il a ainsi un grand succès mondain, il est connu pour ses mots d’esprit. Il arrive parfois aux soirées en marchant sur les mains. Il en fait peut-être trop. Il agace profondément les frères Goncourt par exemple. »
De Charlton Eston à Chewbacca
La postérité retiendra peu ses peintures de paysage, témoins de son goût pour la randonnée, dans les Pyrénées, les Alpes ou en Ecosse, et des voyages en général. En revanche, ses gravures et eaux-fortes sur des thèmes fantastiques parlent encore aux adolescents du XXIe siècle.
« C’est un enfant du romantisme noir, constate Philippe Kaenel, commissaire scientifique et professeur à l’université de Lausanne. Il est fasciné par la mort, l’enfer, les créatures chimériques. Ses illustrations très précises d’épisodes de la Bible ont fait scandale à l’époque. » Cecil B DeMille s’en inspirera au moment de réaliser Les dix commandements. Tout comme George Lucas aurait pensé à son Chat Botté pour créer Chewbacca dans Star Wars. Une telle postérité valait bien d’être boudé par la critique.
Benjamin Chapon
20 Minutes
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