On prenait autrefois de 25 à 50000 aloses par saison ; on n’en prend guère aujourd’hui que la moitié. L’éperlan aussi a diminué de moitié ; les mulets de mer, qui se montraient par milliers, ont presque disparu. Une des causes auxquelles on attribue cette diminution, est l’établissement des bateaux à vapeur.
Sur toute la côte de Normandie, comme dans la Seine, les pêcheurs se plaignent généralement de la disparition du poisson depuis 1814 ; ils ont longtemps attribué, quelques uns même attribuent encore cette émigration au départ de Bonaparte.
On a cherché à leur expliquer la diminution des produits de la pêche par le plus grand nombre de matelots que la paix a rendus à leurs foyers ; par la facilité qu’on a eue soit d’aller pêcher au large jour et nuit, sans craindre d’être happé par les péniches anglaises, soit de tendre dans le canal de la Manche des centaines de filets d’une lieue de longueur ; par l’usage de la drague qui racle sur le fond de sable, près du rivage, et empêche le poisson de frayer. Mais ces explications ne sont pas toujours bien accueillies, et malgré toutes ces circonstances, les habitants de la côte répètent encore que les poissons s’en sont allés lorsque Bonaparte est parti.
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