LA FRANCE PITTORESQUE
5 janvier 1757 : Robert-François Damiens
attente à la vie du roi Louis XV
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Publié le vendredi 4 janvier 2013, par LA RÉDACTION
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Robert-François Damiens était né dans un faubourg d’Arras, appelé le faubourg Sainte-Catherine. Dès son enfance, ses noires méchancetés le firent surnommer dans son pays Robert le Diable. Il s’engagea deux fois, et se trouva au siège de Philisbourg. De retour en France, il entra en qualité de domestique au collège des jésuites : il en sortit en 1738 pour se marier.

Après avoir servi dans différentes maisons de la capitale, et avoir empoisonné un des ses maîtres dans un lavement, il finit par un vol de cinquante louis qui l’obligea de prendre la fuite. Le monstre rôda quelque temps à Saint-Omer, à Dunkerque, à Bruxelles. Revenu à Paris, et se trouvant sans condition, il allait souvent dans la grande salle du palais, dans le temps de la plus grande effervescence des querelles de la magistrature et du clergé. L’emportement avec lequel on parlait, alluma l’imagination de Damiens, et lui inspira l’idée du plus exécrable de tous les attentats.

Damiens devant ses juges

Damiens devant ses juges

Le 5 janvier, à sept heures du soir, le roi étant prêt de monter en carrosse pour aller de Versailles à Trianon avec le dauphin, entouré de ses grands-officiers et de ses gardes, fut frappé au milieu d’eux d’un coup qui pénétra de quatre lignes dans les chairs ; il porta la main à sa blessure, et la retira teintée de quelques gouttes de sang.

Il vit en se retournant ce malheureux qui avait son chapeau sur la tête, et qui était précisément derrière lui. Il s’était avancé à travers les gardes, couvert d’une redingote, à la faveur de l’obscurité, et les gardes l’avaient pris pour un homme de la suite du roi.

Il fut arrêté sur-le-champ, et après avoir subi quelques interrogatoires à Versailles, il fut transféré à Paris, dans la tour de Montgomery, au-dessus de la chambre que Ravaillac avait autrefois occupée. La grand’chambre du parlement instruisit son procès. Malgré les tortures les plus cruelles, il ne fut pas possible de lui arracher le moindre aveu qui pût faire penser qu’il avait des complices. Il protesta toujours qu’il « n’eût pas commis son crime, si on l’avait saigné copieusement, et si son imagination n’eût pas été enflammée par les propos atroces qu’on tenait à la porte de la grand’chambre. »

On trouve dans l’Histoire du Parlement, de Voltaire, un passage dont la fin est curieuse.

« Damiens déclara, dans son interrogatoire, que c’était le nommé Gauthier, homme d’affaires d’un conseiller au parlement, qui lui avait souvent dit qu’on ne pouvait finir ces querelles qu’en tuant le roi ; qu’il lui avait entendu tenir ce discours dix fois, et ajouter que c’était une œuvre méritoire. On lui confronta ce Gauthier, qui nia toute sa déposition. Il avoua seulement qu’il avait entendu un jour Damiens parler vivement des affaires du parlement, et qu’il avait dit que c’était un bon « citoyen. »

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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