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Bonaparte romancier, auteur de Clisson et Eugénie

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Anecdotes insolites
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Bonaparte romancier,
auteur de Clisson et Eugénie
(D’après « L’Intransigeant » du 18 décembre 1938)
Publié / Mis à jour le dimanche 26 mai 2019, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 2 mn
 
 
 
En 2007, les éditions Fayard publiaient Clisson et Eugénie, roman que fit paraître pour la première fois en 1929 l’historien polonais Simon Askenazy, composé à 25 ans par le futur empereur et narrant l’histoire de Clisson, jeune général corse misanthrope épris d’une certaine Amélie avant d’aimer Eugénie et d’être ainsi impliqué dans un triangle amoureux : une fiction mêlée d’éléments autobiographiques

Nous avons failli avoir un grand romancier de plus... il est vrai que nous aurions eu un grand général de moins... Ceci compense-t-il cela ? s’interroge en 1938 le journaliste Jean-Pierre Dorian, pseudonyme de Gérard Daniel Viterbo (1896-1982) qui fondera dix ans plus tard le prix des Ambassadeurs, prix littéraire décerné chaque année à un auteur de langue française pour une oeuvre historique ou politico-historique.

Il est bien difficile de se prononcer, poursuit Dorian, car si la gloire militaire de Napoléon — héros dont il s’agit ici — peut être évaluée, les lauriers qu’il eût recueillis dans la République des Lettres échappent à l’estimation des connaisseurs du fait qu’il ne nous en a laissé qu’un seul échantillon.

Couverture de Clisson et Eugénie de Napoléon Bonaparte publié en 2007 par les éditions Fayard

Couverture de Clisson et Eugénie de Napoléon Bonaparte publié en 2007 par les éditions Fayard

Émile Dard, ancien ministre plénipotentiaire, aime les découvertes, ajoute notre journaliste. Il nous avait déjà présenté, dans un livre, un Talleyrand visionnaire. Au lendemain de la bataille d’Austerlitz, le prince de Bénévent déclara à Napoléon : « Sire... vous êtes perdu ! » En décembre 1938, Émile Dard révélait dans une conférence consacrée à « Napoléon romancier » l’existence d’un roman que Bonaparte écrivit à l’âge de vingt-cinq ans.

Un roman d’amour de l’Empereur, voilà qui n’est pas banal ! Comment expliquer que cet homme, qui ne rêvait que batailles eut, à un moment de sa vie, des préoccupations qui s’accordent mal avec un dynamisme belliqueux ?

Dès avant la Grande Guerre, le savant historien polonais Simon Askenazy retrouva et fit photographier des manuscrits napoléoniens, en donnant quelques extraits dans son Napoléon et la Pologne publié en 1919, d’autres occupations l’empêchant alors d’en préparer une édition complète. C’est en 1929 qu’il fit paraître, à la fois à Paris et à Varsovie, en un très petit nombre d’exemplaires, le roman de Napoléon, oeuvre de la main de ce dernier et dont l’authenticité certifiée par ceux qui entouraient l’Aigle ne peut être mise en doute.

Ce manuscrit, relatant l’histoire d’une passion fougueuse, le jeune auteur l’avait d’abord intitulé : Clisson et Eugénie. Une mystérieuse raison qu’on peut interpréter comme un sentiment de vengeance lui fit biffer rageusement le prénom féminin. Mais voyons brièvement les vicissitudes traversées par l’œuvrette en question avant que celle-ci parvînt, intacte, à la postérité.

En 1822, un an après la mort de Napoléon, le docteur François Antommarchi revint en France. Il rapportait de Sainte-Hélène, où il avait partagé l’exil de son maître, ce précieux témoignage romanesque, jusque là confidentiel. Le comte Dzialynski, célèbre collectionneur polonais, le lui acheta à Paris, retourna dans son pays et mourut non sans avoir légué toute sa succession — y compris bien entendu Clisson — à l’État polonais qui en est l’actuel détenteur. Si donc vous désirez jeter un coup d’œil sur ce rarissime document, il vous faudra faire le voyage au château de Kornik, où il jaunit doucement, ouvert à la page 30, dans une vitrine, écrit Dorian.

À quelle occasion, à la suite de quelle aventure, Bonaparte fut-il amené à allumer cette flamme romantique au bout de sa plume ? Circonstance curieuse et que l’histoire ne saurait négliger car elle se rapporte à la rupture de ses fiançailles avec celle qui fut le premier objet de son amour : Eugénie Désirée Clary, sœur de Julie Clary qui avait épousé quelques mois auparavant Joseph Bonaparte, plus tard roi de Naples.

Mariage de Joséphine de Beauharnais et de Napoléon Bonaparte. Illustration de Jacques Onfroy de Bréville extraite de Bonaparte par Georges Montorgueil (1910)

Mariage de Joséphine de Beauharnais et de Napoléon Bonaparte. Illustration
de Jacques Onfroy de Bréville extraite de Bonaparte par Georges Montorgueil (1910)

C’est à Marseille, en 1793, que le lieutenant Bonaparte, qui venait de se couvrir de gloire à Toulon, fit la connaissance de Désirée Clary. Il la vit, poussa un soupir et en devint éperdument amoureux. Mais le 9 Thermidor et la chute de Robespierre entraînèrent sa disgrâce. Il fut emprisonné et mis à la réforme. Vous pensez bien que les Clary, riches commerçants, crurent l’avenir de leur futur gendre compromis. Aussi, s’écrièrent-ils : « Tout est rompu, Monsieur ! ».

Désirée dut rendre sa parole. Hélas ! Hélas ! Combien une jolie femme a tort de ne pas tourner sept lois la langue dans sa bouche avant de dire « non », car le 13 Vendémiaire restituait à son ex-fiancé un foudroyant sex-appeal ! s’exclame Jean-Pierre Dorian. Le voilà brusquement élevé au. commandement de l’armée d’Italie. Et c’est la veille de ce jour mémorable que définitivement repoussé par les Clary, il épousa Joséphine de Beauharnais.

On imagine le reste. Sa rancœur, son dégoût, sa déception, sa rage, toutes manifestations excellentes pour donner le jour à un roman. Clisson est donc la conséquence d’un amour manqué. Vengeance pour vengeance, Désirée Clary finit par épouser Bernadotte, qui la fit reine de Suède dont elle légua le trône à ses enfants.

 
 
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